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LES TROUBLES DU COMPORTEMENT DES CHIENS ET DES CHATS


Etats pathologiques - Troubles du comportement les plus fréquents - Troubles de la relation - Troubles psychiatriques

La majorité des chiens et des chats sont normaux mais un petit nombre d’entre eux ne se sentent pas bien en société ou posent des problèmes à leurs propriétaires.

Dès lors, il est important de pouvoir de déceler si le comportement est normal ou pas et trouver rapidement une solution au problème.


Quand le comportement du chien pose problème au propriétaire, d’abord faire la part des choses :

  • Animaux normaux (éthogramme normal) mais comportement gênant pour le propriétaire.
    Exemples : Chien qui aboie à chaque fois que quelqu’un passe dans la rue, chat qui marque, …
  • Comportements anormaux (TOC) :
    En quantité : Chien qui aboie toute la journée, …(ou comportements normaux transformés en comportements anomaux par apprentissage (renforcement))
    En qualité : Chien qui tourne après sa queue pour jouer plusieurs heures par 24 heures).

    Ces comportements peuvent aussi être l’expression d’une maladie physique, par exemples : otite, tartre, douleur, morsure, dysplasie, …
    Dans tous les cas, si un animal modifie son comportement, toujours consulter un vétérinaire.
    Le comportementaliste ne soigne pas les douleurs, ni les maladies physiques.
    Exemple : Cas d’un chien dépressif (détruit, aboie, n’est pas heureux) car hypothyroïdien --> On soigne d’abord l’hypothyroïdie, puis on soigne la maladie comportementale. Maintenant, tout va mieux.
  • Comportements aberrants : Comportements qui sortent clairement de l’éthogramme normal. Exemples : Chien qui a des hallucinations (Certains Cavalier King Charles attrapent des mouches imaginaires, cas d’un Border Collie qui chasse … les pieds des gens à tout bout de champ, cas d’un autre Border Collie qui chasse les ombres.), …

A. LES ETATS PATHOLOGIQUES

Ces états peuvent être soit productifs (« hyper »), soit déficitaires (« hypo »).
Ils existent tant chez le chien que chez le chat.
Ces états interviennent avant la maladie elle-même.

L’agressivité

Il ne s’agit pas d’une maladie en soi, mais d’un symptôme d’autre chose.
Certains agressions sont des comportements normaux, tout dépend des circonstances et contextes

Le risque zéro n‘existe pas, tout chien peut-être agressif à un moment ou à un autre.

Il y a plusieurs types d’agressions, en fonction des contextes, de la situation, des séquences, mais aussi de « l’école » (française, anglaise, …).

Séquence d’une agression : 3 phases

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure)
Peut être simple ou tenue
Peut être contrôlée ou non
Peut être simple ou multiple
Apaisement

5 types d’agressions, où le chien a pour but qu’on le laisse tranquille (excepté pour la prédation) :

a) Agression hiérarchique

Contexte : compétition pour une ressource (alimentation, couchage, propriétaire, jouet).

Séquence : Tout dépend de la position que le chien pense avoir, s’il se considère chef, soumis ou challenger (= ne sait pas bien où il en est).

S’il se sent dominant :

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement

Bien marquée
Impressionne, grogne, montre les dents, « en rajoute »

Simple
Contrôlée
Simple (1 fois)
Lèche le mordu (= dominance)

S’il se sent challenger :

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Grogne sourdement Tenue
Moins contrôlée
Simple (1 fois) ou multiple
-

b) Agression par irritation

Contexte : Contrainte (ex : brosser, mettre sur la table, …), frustration (ex : faim), crainte (ex : ne se sent pas à l’aise tout en étant en milieu ouvert), …

S’il se sent dominant :

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Marquée Simple
Contrôlée
Simple (1 fois)

Se remet en position de défense (ramassé sur lui-même)

S’il se sent challenger :

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Feutrée Simple
Contrôlée
Simple (1 fois)
Se remet en position de défense (ramassé sur lui-même)

L’agression par irritation s’instrumentalise souvent.

c) Agression par peur

Contexte : Animal coincé physiquement (dans un coin de la pièce, sur une table de vétérinaire, sous une chaise, …) ou dans sa tête (animal mal socialisé).

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Aucune ou très rapide Simple
Non contrôlée
Multiple
Fuite en coulée si c’est possible.
Si ce n’est pas possible, le chien continue à agresser.

Dans ces agressions, il arrive fréquemment que les chiens défèquent sous eux.

d) Agression territoriale et maternelle

Contexte : Défense du territoire ou de la portée.

Agression territoriale

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Très marquée : aboiements, ruades, … Simple
Contrôlée
Multiple

Garde, aboie, rue

Agression maternelle

Avant

Pendant

Après

Phase appétitive Phase consommatoire (morsure) Apaisement
Très courte Rapide Part et retourne à sa portée

e) La prédation

Objectif différent : Manger l’autre.

D’autres types d’agressions existent et sont décrites.

Tous les chiens agressifs :

  • Ne sont pas méchants.
  • Ne vont pas nécessairement recommencer.
  • Tout dépend du contexte, des causes, des conséquences.
  • On peut toujours travailler dessus mais cela ne fonctionne pas sur tous les chiens.
  • Il est important d’agir vite !


L’absence de signal d’arrêt

Trouble du développement entre l’âge de 5 et 7 semaines → Chiens hyperactifs et hypersensibles.

Vrai fléau actuellement : beaucoup de chiens n’ont pas de signal d’arrêt complet → Très fatiguant pour le propriétaire.

L’état phobique

Définition :

Etat réactionnel de peur ou de crainte, dépassant le stade de crainte ou de peur → Réponse au stimulus exagérée et non adaptée.

Provient d’un processus de sensibilisation, en opposition au processus d’habituation

 

Processus d’habituation

Processus de sensibilisation

     
Le chiot se promène en rue pour la première fois, une voiture passe à toute vitesse. Le chiot tremble, son propriétaire ignore et continue sa route, ou attire l’attention du chiot sur autre chose. Le chiot tremble, le propriétaire le rassure et le caresse longuement.
     
Une deuxième voiture passe. Le chiot tremble moins fort. Le chiot tremble plus fort.
     
Une quatrième voiture passe. Le chiot n’y fait même plus attention. Le chiot est terrorisé.
     
Conclusion Le chiot a d’abord peur car expérience nouvelle, puis il s’habitude progressivement et la peur disparaît. La peur augmente. Au départ, le stimulus est identifiable mais la sensibilisation continue et l’animal anticipe même !

Ainsi, dans le processus de sensibilisation, le chien peut anticiper au point d’avoir peur au moment où on lui met la laisse, jusqu’à ne plus vouloir sortir de la maison !

Par anticipation, le chien a peur de plus en plus tôt.

3 types de phobies :

  • Simple : Stimulus identifiable. Exemple : « Mon chien a peur des voitures ».
  • Si cette phobie n’est pas traitée, elle peut évoluer en phobie complexe, phobie préanxieuse, et voire en anxiété.
  • Complexe : Anticipation. Exemple : « Mon chien a peur des voitures, des vélos, des bus et ne veut plus sortir. » → Le nombre de stimulus augmente.
  • Préanxieuse : Charnière entre l’état phobique et l’état anxieux.


L’état anxieux

Définition :

Dégradation de l’état émotionnel de l’animal, se marque sur les repas, le sommeil, l’environnement, …

Le chien devient mal adapté à son environnement avec des réactions trop fortes aux stimuli rencontrés à L’état devient permanent, le chien n’est plus dans un état de bien-être.

Le contrôle de lui-même diminue : destructions, mordillages, … → Excès « hyper » à morsures, …

  • Anxiété paroxystique : A des moments ponctuels, le chien baille beaucoup, a de la diarrhée, des tremblements en cas de stress, …
  • Anxiété intermittente : Le chien est mal plus souvent, même symptômes que cités précédemment mais également agressions et prises de contact avec soi-même (Exemples : Léchages intempestifs, mordillements intempestifs, s’arracher les poils, …).
  • Anxiété permanente : Le chien est mal tout le temps, les symptômes ont quasi disparu, les agressions diminuent mais le chien a fortement tendance à prendre contact avec lui-même → But : Chercher de l’apaisement.


L’état dépressif

Contrairement aux 2 états cités précédemment et à l’absence de signal d’arrêt, où l’animal est « hyper » et productif, et donc où les propriétaires en sont gênés et réagissent rapidement, l’état dépressif est « hypo » :

  • L’animal bouge moins, est anormalement calme.
  • Il n’est plus réceptif aux stimuli.
  • Il a des phases d’inhibition.
  • Perte d’initiatives.
  • Perte de joie de vivre, d’entrain.
  • Etat de détresse accompagné d’une forte tendance à l’hyper attachement.


Normalement, le chien DOIT être attaché. L’hyper attaché est incapable de vivre sans son propriétaire à Il est malade lorsque son propriétaire est absent à vocalises, destructions, … Attention : Ne pas confondre avec l’ennui.
L’hyper attachement a ici une fonction importante : Stabiliser l’état émotionnel du chien pour éviter qu’il ne tombe plus bas à Le comportementaliste soignera d’abord la dépression et s’occupera ensuite de l’hyper attachement.

  • Troubles du sommeil.
  • Troubles de l’alimentation.
  • Changement de comportement : L’animal apparaît calme alors qu’il ne l’était pas auparavant.

→ Les propriétaires en sont moins gênés et consultent encore plus tardivement.

Or, l’état dépressif se guérit, mais cela dépend à partir de quel moment il est pris en charge.

2 stades :

Aigu :

  • Sommeil : Dort tout le temps.
  • Alimentation : Ne mange plus du tout, ne boit plus → Urgence vétérinaire, surtout chez les chatons et les chiots. à Motif d’hospitalisation (mise sous perfusion nécessaire). Exemples : Dépression post traumatique, dépression de détachement précoce, ...

Chronique :

  • Sommeil : Perte de qualité ou de quantité. Se réveille beaucoup plus souvent, au moindre bruit, à la moindre lumière, sursaute durant son sommeil, a du mal à trouver le sommeil (tourne et retourne), …
  • Alimentation : Certaines phases où le chien mange beaucoup, d’autres où il mange moins bien (appétit aléatoire).

Cas d’une chienne présentée chez le vétérinaire comportementaliste : Sans vie, détourne le regard, pas de battement de queue,... → Traitement → Amélioration, le chien se sent mieux, mais cela ne le métamorphose pas.

L’état dysthymique

Trouble psychiatrique. Troubles de l’humeur.

Phases où l’animal est normal, durant quelques jours, quelques semaines puis, d’un jour à l’autre, bascule dans l’autre phase (sommeil perturbé, appétit perturbé, grognements, agressions, hallucinations). Cela dure quelques jours puis l’animal redevient normal.

Prédispositions raciales : Chats Abyssins, chats Siamois.

La dysthymie ne se guérit pas, les animaux sont parfois toujours ingérables après le traitement. Il est difficile de revenir en arrière.

L’instrumentalisation état

Définition :

Processus d’apprentissage qui aboutit à la rigidification d’un comportement (= l’animal n’est plus prévisible).

Exemple : L’agression → Le facteur de prévisibilité devient quasi nul.

Cas d’un Berger Allemand de 2, 3 ans qui a commencé à grogner sur ses propriétaires. Il avait déjà commencé à pincer quelques fois, presque sans prévenir à Evolution rapide. Diagnostic : Dysplasie de la hanche. Traitement : Anti-inflammatoires → Plus de douleur mais le chien grognait toujours. Conditionnement « Je grogne, on me laisse tranquille. ». → Beaucoup de temps pour revenir en arrière, car le chien avait probablement peur de la douleur.


B. TROUBLES DU COMPORTEMENT LES PLUS FREQUENTS

1- Syndrome hyperactivité – hypersensibilité (HS –HA)

Symptômes :

  • Chiens « hyper » dans leur activité motrice : ne tiennent pas en place, courent, sautent, jouent sans arrêt. Se remarque assez rapidement → Les proprios « n’en peuvent plus ».
  • Réponse exagérée à chaque stimulus.
  • Jeu de combat : Pas de contrôle de la morsure → Nombreuses traces de morsures sur les bras et les jambes des propriétaires.
  • Sommeil : Dorment moins que la normale (de 30 à 50 % en moins).
  • Exploration buccale.
     

Causes :

Conditions de développement entre 0 et 3 mois :

  • Conditions d’élevage : Milieu hypostimulant.
  • Séparation précoce de la mère (5 semaines).
  • Pas de sanction du nouveau propriétaire lors des mordillages.
     

Prédispositions

  • Raciales : Fox Terrier, Labrador, Golden Retriever, Berger belge, Berger des Pyrénées, races à la mode.
  • Portées issues de chiennes soumises au travail car, pour préserver la mère, séparation précoce des chiots (4, 5 semaines).
  • Pas de corrélation génétique mise en évidence jusqu’à présent.
  • Labradors : Immaturité des mères, tolérance des seuils de morsure extrêmement élevée.
     

Evolution

Très rarement : guérison spontanée.
Troubles anxieux avec troubles digestifs et inactions par peur.
Hyperagressivité secondaire → Le chien devient dangereux. Plus les propriétaires attendent avant de consulter, plus les risques d’hyperagressivité secondaire sont élevés.

Pronostic

Dépend du stade d’évolution et de l’ancienneté de la maladie → Rapidité d’agir du propriétaire.

Traitement long : 5 à 9 mois.

Conclusion

Maladie à fréquence constante.

2- Syndrome de privation sensorielle

Lié aux conditions de développement (milieu hypo sensoriel, hypo stimulant) → L’animal a du mal à gérer les différents stimuli par la suite.

3 stades de gravité croissante :

  • Stade phobique : Phobies simples ou multiples.
  • Stade anxieux : Signes d’inhibition, activités de substitution (quand l’animal doit gérer une situation inconnue, il va faire une action qui sort tout à fait de l’ordinaire pour cette situation). Posture d’expectative : Arrière du chien vissé au sol alors que l’avant du chien aimerait explorer.
  • Stade dépressif : Dépression liée au syndrome de privation.


Pronostic :

Plus le stade est élevé, moins on sait revenir en arrière.
L’animal en syndrome de privation peut être d’emblée au stade b ou c.
Chaque stade a son traitement spécifique, qui peut être long et/ou inefficace → Pas de garantie de résultat.

Circonstances :

Le milieu d’élevage ne correspond pas au milieu de vie future du chien.
L’éleveur ne devrait pas vendre le chien dans ce cas, mais il est difficile de se rendre compte du problème, sauf « retours » des nouveaux propriétaires.

Prévention :

  • Soit faire connaître un maximum de stimuli à ses chiots.
  • Soit céder ses chiots dans le même type de milieu que celui dans lequel ils ont été élevés (ex : éleveur-fermier, peu de stimuli → Céder ses chiots uniquement à la campagne).

Le syndrome de privation est encore plus fréquent chez les chats, si l’on prend en compte les chats dits « sauvages » qui ne sont peu ou pas socialisés aux humains.

3- Anxiété liée à la séparation

Destructions, vocalises, malpropreté liées à la séparation du chien avec son propriétaire.
 

Anxiété liée à la séparation

Anxiété de séparation

Peut-être présente à tous les âges : Animal jeune, pubère, adulte, vieux, …

Exemple : Hyper attachement secondaire, STABILISATEUR de l’état émotionnel dans lequel l’animal se trouve à Evite d’aggraver la situation.
Précise dans le temps : A lieu vers la puberté.

L’animal a du mal à passer la puberté qui est, normalement, un stade de détachement. L’animal devrait apprendre à gérer les départs et les retours de son propriétaire.
Il s’agit d’un détachement obligatoire pour le bien-être de l’animal, il doit être instauré par le propriétaire.
Si cela n’est pas fait, l’animal en puberté s’hyper attache et devient incapable de gérer le départ physique de son propriétaire.

 


C. TROUBLES DE LA RELATION

Le délinquant dissocialisé

Chien qui n’a pas de règles sociales, qui ne connaît pas la posture de soumission (car il ne l’a pas apprise) et donc ne sait ni l’adopter lui-même, ni la reconnaître chez les autres → N’arrête pas les conflits → Bagarres dangereuses.

Il ne s’agit pas d’un trouble psychiatrique, mais d’un problème de conditions d’élevage et de socialisation.

Les chiens atteints de ce trouble agressent rapidement et de manière forte les humains.

Pronostic :

Il dépend de la taille du chien :

  • Chez un chien de grande taille, l’euthanasie est conseillée (car le chien représente un réel danger).
  • Chez un chien de petite taille, on peut tenter de redresser la situation, si le propriétaire est motivé.

D. TROUBLES PSYCHIATRIQUES

Les maladies suivantes représentent seulement quelques cas par an pour un vétérinaire comportementaliste → Assez rare


La dysthymie bipolaire

Troubles de l’humeur. Phases où l’animal est normal, durant quelques jours, quelques semaines puis, d’un jour à l’autre, bascule dans l’autre phase (sommeil perturbé, appétit perturbé, grognements, agressions). Cela dure quelques jours puis l’animal redevient normal.

Prédispositions raciales : Chats Abyssins, chats Siamois.

Le syndrome dissociatif (ou schizophrénie)

Le chien est normal puis se déconnecte soudain de la réalité, en fixant quelque chose, en grognant, … Cela dure quelques minutes puis le chien revient à la réalité. Ce trouble n’apparaît pas tout de suite mais plutôt vers l’âge de 6, 8 mois. Cela commence par de petites périodes de déconnexion, dont la durée augmente progressivement.

Traitement à vie, ou euthanasie.

Prédispositions raciales : Bull Terrier, Berger Allemand   


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